Lutter contre le confinement intellectuel – Semaine 3

Bonjour.

Nous continuons notre compilation de publications dédiées à la lutte contre le “confinement intellectuel”, mises en ligne initialement sur notre page facebook.

Bonnes lectures…

15e publication – jeudi 9 avril 2020

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On reste encore une fois sur les grands classiques. Dans le domaine de l’influence (donc en partie dans l’application volontaire des biais cognitifs), nous avons en France Beauvois et Joule (voir précédente publication sur “Le petit traité de manipulation à l’usage des honnêtes gens”)… les États-unis ont, eux, Robert Cialdini (notamment).

Son ouvrage “Influence et manipulation” fait partie des livres à avoir lu pour être sûr de ne pas dire “oui” quand on voulait dire “non” (et vice versa).

Ci-dessous, la présentation de l’éditeur.
Vous trouverez des résumés du livre en cherchant un peu sur le web… mais la lecture complète nous semble indispensable.

Quatrième de couverture
Avec plus de deux cent cinquante mille exemplaires vendus dans le monde, Influence & Manipulation s’est placé au premier rang des ouvrages publiés sur le thème de la manipulation. Le célèbre psychologue Robert Cialdini y explique pourquoi certaines personnes sont douées d’un remarquable don pour la persuasion et comment il est possible de les battre sur leur propre terrain. Ce document nous dévoile les six secrets psychologiques qui se cachent derrière notre dangereuse tendance à nous laisser influencer, ainsi que les moyens employés par les spécialistes de la persuasion pour les exploiter à notre insu. Il nous apprend à nous en défendre- en tournant ces secrets à notre avantage. Grâce à ce livre indispensable, vous ne direz plus jamais « Oui » alors que vous pensez « Non ».

Biographie de l’auteur
Robert Cialdini est docteur en psychologie sociale. Il enseigne la psychologie à l’université de l’Arizona

16e publication – vendredi 10 avril 2020

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Nous avons déjà vu comment certains exploitent les failles cognitives (biais cognitifs mais pas que) pour manipuler les gens, via la recommandation de livres sur l’influence. Aujourd’hui nous vous présentons un livre qui permet d’utiliser les biais pour faire changer de manière “positive” les comportements : “Nudge, la méthode douce pour inspirer la bonne décision” de Richard Thaler et Cass Sunstein.

Richard Thaler fait partie des quelques chercheurs en psychologie à avoir reçu un prix Nobel d’Économie (nous vous avons déjà parlé de Daniel Kahnmann et son livre “Système 1/Système 2”).
Cass Sunstein était conseiller de Obama.

Faire changer les comportements… en utilisant des failles… mmmh… cela ressemble beaucoup à de la manipulation ! Alors non justement, certaines règles encadrent ce qu’on peut définir comme “nudge” : la personne doit avoir toujours le choix de faire autre chose, le coût doit être minime (ce qui n’est pas tout à fait juste car mettre en évidence l’efficacité d’un nudge passe par de la Recherche, qui elle a un coût), l’incitation doit être transparente (en gros, on doit voir qu’on nous incite à faire quelque chose) et le tout doit faire agir dans l’intérêt général ou celui de la personne “nudgée” (santé, sécurité,…).

Un exemple de Nudge : Poubelator, la poubelle en forme de monstre qu’on trouve dans les OuiGo. Elle incite les enfants (mais pas que) à donner à manger à “la bête” au lieu de jeter par terre. La personne a le choix de mettre dans poubelator ou pas (pas d’amende), le coût de mise en place pour OuiGo est minime (repeindre une poubelle), la personne comprend que la poubelle a une tête de monstre pour qu’on l’incite à l’utiliser, et le tout est pour améliorer la propreté des rames de train. Nudge !

Et ça marche ! Le taux de satisfaction de propreté a explosé depuis la présence de Poubelator..

Le Nudge n’a rien de nouveau même si le terme est à la mode depuis son utilisation pour le livre dont nous parlons aujourd’hui. Ce n’est qu’un autre nom pour parler d’économie comportementale. Mais sachez que c’est un des outils les plus puissants utilisable notamment par les administrations (Etats, communes, …) par exemple pour augmenter le nombre de donneurs d’organes, faire manger plus sainement (dans les écoles notamment), améliorer la propreté, la sécurité routière, faire baisser la consommation d’énergie, etc. De nombreux pays l’ont compris. En France nous sommes un peu plus timides (d’où le fait que nous annoncions un confinement par tranches de 15 jours, ce qui n’est pas la chose à faire si on tient compte des enseignements de la psychologie – d’autres pays annoncent carrément 6 mois, ce qui est bien plus malin pour le ressenti si au final il est réduit à 3).

Nous n’allons pas en dire plus ici, vous trouverez énormément d’exemples et explications sur le net

Notons cependant juste que la Recherche en matière de Nudge se focalise en partie maintenant sur la notion de “transparence” : qu’est-ce qu’un Nudge transparent ? Jusqu’où aller sans franchir la barrière de la manipulation ? C’est notamment le sujet qui préoccupe Cass Sunstein dans son dernier livre.

Bonne lecture…

17e publication – samedi 11 avril 2020

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Aujourd’hui 2 livres qui se suivent de Christian Morel “Les décisions absurdes”, volume 1 et 2. Un troisième volume est sorti il y a quelques mois mais ne l’ayant pas lu nous pouvons difficilement vous le conseiller ou pas.

Christian Morel décrypte via plusieurs exemples marquants (explosion de la navette Challenger, accidents d’avions,…) ou plus anecdotiques (pose d’un système de sécurité dans un immeuble inefficace…) mais tout aussi révélateurs, ce qui nous pousse à prendre des décisions absurdes mais aussi comment les éviter.

Ici ce ne sont pas (que) les biais cognitifs en action mais d’autres biais de raisonnement ou sociaux (Morel est sociologue), comme par exemple la nécessité d’obéir à la hiérarchie dans certains métiers même si on se rend compte qu’un problème peut arriver (un commandant d’avion qui néglige un paramètre et que l’on “n’ose” pas contredire). Pour cette raison, le livre n’intéressera pas que celles et ceux qui peuvent avoir un intérêt pour l’étude des erreurs ou encore la mise en place de procédures pour les éviter.

Ci-dessous la présentation de l’éditeur des 2 volumes.

Volume 1 :
Il arrive que les individus prennent collectivement des décisions singulières et agissent avec constance dans le sens totalement contraire au but recherché : pour éviter un accident, des pilotes s’engagent dans une solution qui les y mène progressivement ; les ingénieurs de Challenger maintiennent obstinément des joints défectueux sur les fusées d’appoint ; des copropriétaires installent durablement un sas de sécurité totalement inutile ; une entreprise persévère dans l’usage d’un outil de gestion au résultat inverse de l’objectif visé… Quels sont les raisonnements qui produisent ces décisions absurdes ? Les mécanismes collectifs qui les construisent ? Quel est le devenir de ces décisions ? Comment peut-on à ce point se tromper et persévérer ? Ces questions, auxquelles Christian Morel répond grâce à une analyse sociologique aux multiples facettes, conduisent à une réflexion globale sur la décision et le sens de l’action humaine.

Volume 2 :
Dix ans après Les Décisions absurdes, Christian Morel reprend son enquête où il l’avait laissée et se penche sur l’émergence, dans des univers à haut risque, de dynamiques visant à favoriser la décision éclairée. Renouant avec une marque de fabrique qui a fait ses preuves, il met à contribution des cas d’école saisissants, allant des cockpits des avions aux sous-marins nucléaires, en passant par les randonnées hivernales en haute montagne. Pour n’en donner que quelques exemples, l’auteur montre que le débat contradictoire a été déterminant pour la fiabilité des réacteurs nucléaires de la Marine américaine, que l’introduction d’une check-list de bloc opératoire a réduit la mortalité chirurgicale dans des proportions considérables ou que l’armée de l’air ne sanctionne plus les erreurs pour faciliter la remontée d’informations. À partir de ces expériences, Christian Morel esquisse ce qu’il appelle des ‘métarègles de la fiabilité’, synthèse de lois sociologiques et de prescriptions cognitives, comme la formation aux facteurs humains, les politiques de non-punition, les processus d’avocat du diable ou l’interaction généralisée. La sociologie des décisions hautement fiables qu’il propose va à l’encontre des idées reçues et s’applique, par sa vision étendue, à toute activité.

18e publication – dimanche 12 avril 2020

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Aujourd’hui c’est dimanche… Nous vous présentons un livre de Jeremy Rifkin “La fin du travail”.

Ce livre qui a plus de 20 ans est toujours (malheureusement) d’actualité. Et avec la crise sanitaire et la réflexion sur l’après-crise, il l’est encore plus.

Jugez par vous-même via la présentation de l’éditeur :

“Nous sommes entrés dans une nouvelle phase de l’histoire qui se caractérise par le déclin inexorable de l’emploi. Le chômage est à son plus haut niveau depuis la crise des années trente. Dans le même temps, les technologies dévoreuses d’emplois nées de la révolution de l’information envahissent tous les secteurs d’activité. Si certains emplois sont créés, ils sont souvent temporaires et mal payés.

C’est d’abord ce constat que présente Jeremy Rifkin, dans ce livre remarquablement informé, devenu un best-seller aux États-Unis. Le monde, explique l’auteur, est en train de se polariser dangereusement : d’un côté, une élite de gestionnaires, de chercheurs et de manipulateurs d’information surqualifiés ; de l’autre, une majorité de travailleurs précaires, sans perspective d’avenir et d’emploi stable dans un monde de plus en plus automatisé.

Pour éviter que cette polarisation entraîne le monde dans une ère d’anarchie et de chaos, il est urgent, selon Rifkin, de commencer à penser l’impensable, de nous préparer à une économie qui supprime l’emploi de masse dans la production et la distribution. Il faut annoncer la transition vers une civilisation post-marchande, définir de nouvelles formes d’activité et de nouveaux modes de distribution des revenus. Cela suppose d’agir vigoureusement dans deux directions : celle de la réduction du temps de travail et celle du développement du « troisième secteur », dans lequel les gens s’auto-organisent en communautés assumant une proportion croissante des services dont ils ont besoin.”

Bonne lecture…

19e publication – lundi 13 avril 2020

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Un livre pour tenter de répondre à une question que tout le monde se pose depuis bien longtemps : qu’est-ce ce que le bonheur, comment l’atteindre et le faire durer ?

Aujourd’hui, présentation du livre de Jonathan Haidt “L’hypothèse du bonheur : la redécouverte de la sagesse ancienne dans la science contemporaine”.

Un livre qui fait appel à la philosophie et psychologie…et qui fait du bien.

Présentation de l’éditeur et de l’auteur :

D’un côté : dix grandes idées, découvertes à différents moments et différents endroits par les civilisations qui peuplent notre Terre.

De l’autre : les plus récentes avancées scientifiques en matière de psychologie.

De cette confrontation entre philosophie, religion et psychologie, Jonathan Haidt propose de tirer un ensemble de leçons qui peuvent s’appliquer à notre vie de tous les jours.
Partant des résultats de la recherche moderne sur le bonheur, illustrés par des anecdotes de la vie quotidienne, Haidt décrit la manière dont nous fonctionnons avec les autres, mais aussi avec nous-mêmes. Il nous guide habilement dans ce voyage entre passé et présent tout en commentant avec humour et pédagogie les méandres des théories psychologiques.

Une exploration dont on conclura que la meilleure des vies est, sans doute, celle où l’on parvient à équilibrer les contraires.

Un guide pratique philosophique pour que chaque instant de votre vie quotidienne soit un moment de bonheur.

L’auteur :
Jonathan Haidt est Professeur de psychologie à l’Université de Virginie. Il a été l’un des premiers chercheurs à attirer l’attention du monde scientifique sur l’importance des émotions dans tout ce qui touche à la moralité.

20e publication – mardi 14 avril 2020

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Pour cette 20e publication pour lutter contre le “confinement intellectuel”, pas de livre, comme la 1ère fois, mais le lien d’un article sur le développement de la pensée critique.

Cet article nous rappelle que très tôt les enfants savent développer leur pensée critique. Donc pourquoi pas nous ?

D’autres liens sur la croyance des fake news, dont l’origine est justement le manque de pensée critique, sont indiqués dans l’article et nous vous en recommandons bien évidemment la lecture.

De même que la consultation du lien de la fondation “la main à la pâte”, excellent site web pour les professeurs, les enfants mais aussi les plus grands (mention spéciale au dossier sur les sciences cognitives… mais tous sont intéressants, notamment ceux sur le climat, le développement durable, etc.).

21e publication – jeudi 16 avril 2020

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Aujourd’hui un livre de Daniel Goleman sobrement intitulé “Intelligence Émotionnelle : Analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions, et ceux des autres” 😅

En très résumé, l’intelligence émotionnelle part notamment du constat que des gens très intelligents d’un point de vue logique, donc évalués par les tests de QI, n’agissent pas forcément de manière intelligente, au sens “sagesse”. Alors que d’autres avec des QI moyens voire un peu en dessous, arrivent très bien à réussir dans la vie et même à avoir de belles carrières, avec des postes à responsabilité. De là ont été mis en place des tests de QE (quotient émotionnel) tenant compte de ce qu’on a appelé par la suite les “soft skills”, ces compétences douces dont font parties les émotions mais pas que (créativité, résistance au stress, capacités de négociation, empathie, etc.).

Évidemment, celui qui combine un QI et un QE élevés a encore plus de chance de réussir (si il en a la volonté, car une combinaison des 2 pourrait justement mettre en-tête que la course à la performance n’est pas le plus important dans la vie et qu’une vie simple avec un travail pas forcément ambitieux mais utile et qui nous plaît est peut-être ce qu’il y a de plus intelligent à faire).

La bonne nouvelle, c’est que si le QI peut s’améliorer dans une moindre mesure en s’entraînant à réaliser les exercices demandés dans les tests (suites logiques… qui ne sont logiques que si on nous a expliqué en quoi elles devraient être logiques), on peut par contre largement améliorer son QE.

Et comme pour tout, pour savoir quoi améliorer, il faut savoir de quoi on parle. D’où l’utilité de lire l’ouvrage de Goleman qui est la base dans le domaine. Même s’il n’est pas à l’origine du concept, lancé par 2 chercheurs Peter Salovey et John Mayer, c’est tout de même lui qui en tant que journaliste a su le mettre en-avant et le faire découvrir au grand public. Cela ne veut pas dire pour autant que son livre fait l’impasse sur la recherche. Au contraire, celui-ci fourmille de références.

A noter que l’intégrale en livre de poche est dure à lire car le livre est presque plus épais que large et les pages ont tendances à la longue à se détacher. Préférer ainsi la version en 2 tomes ou la version électronique.

Présentation de l’éditeur :
Analyser et contrôler ses sentiments et ses émotions, et ceux des autres. Le QI d’une personne n’est pas suffisant pour définir son intelligence car il néglige une part essentielle du comportement humain : les réactions émotionnelles. Cette autre forme d’intelligence est la capacité à percevoir, maîtriser et exprimer ses sentiments et ses émotions ainsi que ceux d’autrui. Elle influe sur notre self-control, notre motivation, notre intégrité, mais aussi sur nos relations avec les autres : elle permet de mieux communiquer et analyser notre entourage social ou professionnel. Pour Daniel Goleman, l’intelligence émotionnelle est le meilleur prédicteur de succès et de réussite. En apprenant à accepter nos ressentis, nous développons nos compétences et nos aptitudes.